Accueil A la une Emeutes, violences, pillages : Jours difficiles pour la France

Emeutes, violences, pillages : Jours difficiles pour la France

 

Les obsèques du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier, à la suite d’un refus d’obtempérer, se sont déroulées hier à Nanterre. Après une quatrième nuit consécutive d’émeutes, de violences urbaines et de pillages dans plusieurs villes de France. Les chiffres font état de plus de 1.300 personnes interpellées, selon l’AFP et plusieurs chaînes de télévision françaises.

Les violences se poursuivent, leur intensité baisse toutefois. Au moins 1.311 personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi, selon un nouveau bilan du ministère de l’Intérieur français, dont 406 à Paris et en proche banlieue. Quelque 1.350 véhicules ont été incendiés, 266 bâtiments incendiés ou dégradés, dont 26 mairies et 24 écoles, selon le ministère de l’Intérieur. Des chiffres en net recul par rapport à ceux des nuits précédentes.

Toujours selon le ministère de l’Intérieur, ont été recensées dans la nuit, 31 attaques de commissariats, 16 attaques de postes de police municipale et 11 de casernes de gendarmerie. Plus de 79 policiers et gendarmes blessés. Selon une source policière, Lyon et Marseille sont les deux agglomérations les plus touchées par des scènes de chaos de grande ampleur. La région parisienne n’a pas été épargnée non plus. En revanche, certaines villes comme Bordeaux, Dunkerque (Nord) ou encore Calais (Pas-de-Calais) ont passé une nuit relativement calme.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé vendredi la mobilisation «exceptionnelle» de 45.000 policiers et gendarmes. Il avait demandé aux préfets d’arrêter bus et tramways dans toute la France après 21h00. Le couvre-feu a été instauré dans de nombreuses communes. Des manifestations «contre le racisme, les crimes et les violences policières» ont également été interdites à Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux et Toulouse.

Par ailleurs et dans une volonté d’enrayer la spirale de violence, les joueurs de l’équipe de France de football ont envoyé dans la soirée un «appel à l’apaisement». «Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction», soutiennent-ils.

Le Haut-commissariat s’invite en France

Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (Hcdh) a déclaré vendredi qu’il était temps pour le pays de s’attaquer aux « profonds problèmes » de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre. 

« Nous sommes préoccupés par le meurtre d’un jeune de 17 ans d’origine nord-africaine par la police en France mardi. Nous notons qu’une enquête a été ouverte sur des allégations d’homicide volontaire. C’est le moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre », a déclaré la porte-parole Ravina Shamdasani, en réponse à des questions de journalistes à Genève. 

« Nous soulignons également l’importance de se rassembler dans le calme. Nous appelons les autorités à veiller à ce que le recours à la force par la police pour lutter contre les éléments violents lors de manifestations respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité. Toute allégation d’usage disproportionné de la force doit faire l’objet d’une enquête rapide », a-t-elle préconisé. 

La France répond et rejette l’accusation de racisme

En réaction à ce qui semble être un rappel à l’ordre, la France a aussitôt publié le communiqué suivant : « La France a pris connaissance de la déclaration de la porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (Hcdh) du 30 juin 2023. Toute accusation de racisme ou de discrimination systémiques par les forces de l’ordre en France est totalement infondée. Le dernier examen périodique universel auquel notre pays s’est soumis nous a permis d’en faire la démonstration.

Les forces de l’ordre sont soumises en France à un niveau de contrôle interne, externe et judiciaire tel que peu de pays en connaissent. La France, et ses forces de l’ordre luttent avec détermination contre le racisme et toutes les formes de discriminations. Aucun doute n’est permis dans cet engagement.

Les forces de l’ordre font face avec un grand professionnalisme à des situations et des actes d’une extrême violence, et sont au service du droit des Français à jouir pacifiquement de l’espace public, y compris pour y exprimer librement leurs opinions, comme le permettent nos institutions démocratiques. L’usage de la force par la police et la gendarmerie nationales est régi par les principes d’absolue nécessité et de proportionnalité, strictement encadré et contrôlé. 249 policiers ont été blessés lors de violences ces derniers jours ».

En outre, et en raison de cette situation toujours tendue, le président français, Emmanuel Macron, a dû reporter sa visite d’Etat en Allemagne. La décision a été annoncée hier à l’issue d’un entretien téléphonique entre le président français et son homologue Frank-Walter Steinmeier, à la veille du début de cette visite qui devait durer jusqu’à mardi 4 juillet.

Selon l’AFP, Emmanuel Macron «a demandé le report», a annoncé la présidence allemande dans son communiqué. «Compte tenu de la situation intérieure, le président de la République a indiqué qu’il souhaitait pouvoir rester en France ces prochains jours», selon une information de l’Elysée. Aucune nouvelle date n’a été fixée, a encore précisé l’entourage du chef de l’Etat français.

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